“Le statu quo avant l’arrestation d’Imamoğlu était confortable pour l’UE, parce qu’il y avait juste assez de démocratie”, analyse Bechev. Les récents événements, ajoute-t-il, ne sont pas assez graves pour changer la donne.
Des enjeux de défense
En tant que pays candidat à l’adhésion à l’UE, la Turquie peut potentiellement accéder aux achats groupés de 800 milliards d’euros au titre des fonds destinés à accroître les dépenses de défense de l’Union, selon le plan “préparation à l’horizon 2030” présenté par Bruxelles la semaine dernière.
Cependant, la Grèce et Chypre, toutes deux en conflit de longue date avec la Turquie, font pression pour obtenir des restrictions, des diplomates indiquant à POLITICO leur intention d’appliquer une clause qui exigerait que le soutien à la défense se fasse “sans préjudice au caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains Etats membres”.

Avec ses forces armées formées par l’Otan et son vaste complexe militaro-industriel, Ankara est toutefois convaincu que ces objections seront rejetées.
Si les Européens “veulent une participation turque dans certains domaines — par exemple, l’envoi de troupes en Ukraine un jour —, ils devront donner accès à la Turquie”, a déclaré l’ancien ambassadeur de Turquie auprès de l’UE, Selim Yenel.
Ce dernier a considéré que la situation intérieure était désastreuse — “il n’y a plus de loi” en Turquie, a-t-il affirmé —, mais a prédit que “puisqu’il semble que l’UE ait besoin de la Turquie, elle ne fera pas pression sur nous”. En ce qui concerne les valeurs occidentales que les pays doivent respecter pour adhérer à l’UE, Erdoğan “s’y intéresse pour la forme”.